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L'Histoire & la culture de Hanoi

Les monuments disparus de Hanoï

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Temps de lecture : 4 minutes

Si le patrimoine historique de Hanoi fut miraculeusement préservé des guerres, la colonisation française, même si son apport dans l’urbanisme et l’héritage architectural a été non négligeable, a aussi engendrée la destruction de certains monuments emblématiques de la cité.

La colonisation française commence sous le Second empire avec Napoléon III. L’empereur puis président a eu pour épouse, la très catholique impératrice Eugénie qui l’incita à défendre les intérêts religieux catholiques dans le monde entier, et notamment dans les colonies françaises de l’époque. Hanoi, fut désignée à l’époque capitale de l’Indochine française, et de ce titre, a subi ces dogmes en son cœur :

L’ancien monastère impérial des Ly, remplacé par la cathédrale Saint-Joseph

C’est certainement l’acte le plus brutal de l’époque, de supplanter le bouddhisme par le catholicisme avec la destruction de ce monument, construit au XIème siècle sur la rive ouest du lac de l’Epée restituée. Ce monument était un des plus anciens et vénérés monastères du Vietnam. Il abritait un stupa décrit comme une des quatre merveilles du pays. Aujourd’hui à son emplacement exact, s’élève la cathédrale Saint-Joseph, à l’architecture austère.

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La cathédrale Saint-Joseph de Hanoï construite sur l’ancien monastère impérial des Ly

L’ancienne pagode Quang Thuong, remplacée par la poste centrale

Sur la rive est du lac de l’épée restituée, se trouvait un autre monument emblématique de Hanoï : la pagode Quang Thuong. Elle fut détruite car ses 200 statues et sculptures représentaient des scènes de l’enfer, et étaient vues par les Français catholiques comme des scènes de supplices. D’où le nom de « pagode des supplices » qu’on lui attribuera. Le seul vestige de cette pagode, est le petit pagodon situé sur la promenade du lac de l’Epée restituée.

L’ancienne pagode Quan Thuong, aujourd’hui remplacée par la poste centrale.

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Unique vestige de la pagode Quan Thuong, le pagodon Hoà Phong sur la rive est du lac de l’Épée restituée.

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Plan d’ensemble de la « pagode des supplices ».

Le palais Kinh Thien dans la citadelle d’Hanoi

Ce palais était le centre du complexe impérial de Hanoi érigé dès le XIème siècle par les Ly. Il accueillait les cérémonies rituelles, les réceptions des délégations étrangères et donc était le cœur de la vie politique du pays durant des siècles.

Au XIXème siècle, les français rasent le palais pour transformer le site en citadelle, abritant l’artillerie coloniale.
De ce palais, il ne reste plus que l’esplanade, des marches séparées par deux dragons sculptés au XVème siècle.

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L’ancien palais Kinh Thien, au cœur de la cité impériale de Thang Long.

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L’esplanade et l’escalier avec les dragons sculptés du 15ème siècle ont subsisté.

Le Grand Palais

Construit à l’initiative de Paul Doumer, ancien Gouverneur général de l’Indochine française, ce palais se voulait la vitrine de la foire commerciale mondiale de l’Exposition de Hanoï en 1902. Il était d’architecture néo-classique et a été dessiné par Adolphe Bussy. Le bâtiment fut très coûteux à construire et endetta le budget de la municipalité pendant près d’une décennie.

Après la foire, il devint un musée de l’économie, avant d’être occupé plus tard par les soldats japonais durant l’Occupation japonaise. Endommagé par une tempête peu de temps après son inuaguration, il fut entièrement détruit par les raids aériens de la Seconde Guerre mondiale par les Américains.

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La façade de l’ancien Grand Palais de Hanoï.

La pagode au pilier unique

Monument aujourd’hui emblématique de Hanoï, cette pagode est une des plus vieilles de la ville, construite au XIème siècle. Elle représente gracieusement une fleur de lotus, dont la tige est représentée par un pilier unique.

Des troupes françaises (la source n’a pas été officiellement vérifiée) au XXème siècle ont détruit l’ancienne pagode, lors de leur retraite de Hanoï. C’est le gouvernement vietnamien qui a décidé de la reconstruire à l’identique, avec un pilier unique en béton.

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L’ancienne pagode au pilier unique en 1896.

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La pagode au pilier unique de nos jours.

Mais aussi :

  • Le tombeau du vice-roi du Tonkin, Kinh Luoc
  • La pagode des fleurs
  • Le temple Hoi Dong, anciennement situé dans le jardin du palais du gouverneur d’Indochine.
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L’ancien tombeau de Kim Luoc, vice-roi du Tonkin.

Alexandre Dang

Je m'appelle Alexandre, je suis originaire de Lyon, mais Hanoï est devenue ma seconde maison. La vie frénétique, l'histoire et les contrastes de cette grande dame me passionnent. Au gré de mes pérégrinations urbaines, j'essaie de vous transmettre via une écriture modeste, l'âme de Hanoï. Profitez de ce blog entièrement francophone et intégralement dédié à l'une des capitales les plus envoûtantes d'Asie.

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9 Comments

  1. schiettekatte 4 août 2017

    Super, je connaissais.! C’est bien de relire. Je passe ma vie entre Hanoï et la Bretagne 6 mois et 6 mois.

    Répondre
    1. Alexandre DANG 10 août 2017

      Merci « Schiettekatte » !

  2. Alain 6 août 2017

    Merci Alexandre… Étant très attaché aux cultures d’Asie du Sud-Est, quelles que soient leurs formes, je vous remercie de nous faire partager ces trésors inestimables de l’histoire Vietnamienne. Quels gâchis ! (et je suis Français…)

    Répondre
    1. Alexandre DANG 10 août 2017

      Votre commentaire me fait plaisir Alain, merci à vous de nous suivre et de nous lire ! A bientôt pour d’autres articles 🙂
      Alexandre, de l’équipe du Blog d’Hanoi. Blog d’Amica Travel.

  3. Jean luc Martin 6 juillet 2018

    Encore une fois répétons-le, la destruction de la pagode au pilier unique en 1954 ne fut pas l’oeuvre des Français mais de Vietnamiens qui refusaient la partition du pays suite aux accords de Genève.

    Répondre
    1. Alexandre Dang 7 juillet 2018

      Bonjour Jean-Luc Martin,

      Pouvez-vous nous transmettre la source de vos informations ?

      Merci et bon week-end à vous !

      L’équipe du blog d’Hanoï, blog d’Amica Travel.

  4. ludovic duval 6 juillet 2018

    bonjour

    le palais du kinh lujc en tout cas son tombeah est toujours la, ah milieu des petites rues transforme en bureau de l administration apres 75. le domajne de thai hap a ete victime de l urbanisme plus que des francais
    il faut d ailleurs rappeler que le domaine en question avait ete donne en concession en echange de services rendus. en outre les frabcais reculeraient le palais qui fait maintanant office de bibliotheque nationale, sur l acien site des concours trienaux.

    Pour le domaine remplace par la cathedrale, existe t il des croquis? je n en ai jamais vus. reste juste la margelle de l ancien puits dans le jardin.

    Les francais onf aussi detruit les remparts de la citadelle.

    Fort heureusemebt grace a l action de l EFEO, la loi sur la protection du patrimoine votee en france sera appliquee (avec un peu de retard) en Indochine.

    Répondre
    1. Alexandre Dang 3 août 2018

      Bonjour Ludovic,

      Merci à vous pour ces précisions !

      Continuez à nous lire

      L’équipe du blog d’Hanoï, blog d’Amica Travel.

  5. Nguyen 7 juillet 2018

    De tous les temps les pays qui se modernisent ont tendance à éliminer un passé culturel encombrant car les affaires passent avant tout.
    J’ai pu remarquer que beaucoup de monuments en pâtissent par le béton qui les entoure, je cite le petit temple du lac Hoan Kiêm totalement écrasé par les immeubles neufs aux alentours, le phare de Kê Ga totalement défiguré par les constructions pour le tourisme de masse. Nha Trang bétonner à mort etc… Il ne suffit que 5 ans pour pour voir beaucoup de beautés disparaître et le pire est à venir. Plus alarmant, devant des paysages somptueux des tas d’immondices et des sacs en plastique virevoltent à tout vent !

    Répondre

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